Salut
Je voulais vous parler de minimalisme et des chaussures de running depuis longtemps. Pourquoi ? Depuis quelque année émerge notamment aux USA une vague de coureurs à pieds orientés vers le minimalisme c'est-à-dire l’utilisation de chaussures avec un drop arrière / avant pied faible voire de 0 millimètres contrairement aux chaussures habituelles où le talon est à 10-12 mm au dessus de l’avant pied. L’objectif est en fait double : retrouver une foulée plus naturelle, plus économique, moins traumatisante et gagner en efficacité notamment chronométrique. La prévention des blessures est également mise en avant. En effet les quelques études réalisées (contenant certes des biais) ont montré que des chaussures plus amortissantes engendraient un nombre plus élevé de blessures que des chaussures moins protectrices.
Effet paradoxal ? L’idée est en fait de permettre au corps de s’adapter, d’amortir lui-même les contraintes plutôt que de laisser faire les coussins d’air et autres semelles ultra complexes développées depuis des années. A bien y regarder d’ailleurs, les grands sprinters, marathoniens et autres coureurs n’utilisent que des chaussures avec des semelles très fines afin de favoriser réactivité et dynamisme.
En corollaire de cette approche minimaliste, la pose du pied en médio pied ou avant-pied est également recherchée afin de diminuer la phase d’amorti freinatoire qu’engendre immanquablement l’attaque par le talon en avant du centre de gravité du coureur.
Les spécialistes vous en parlerons mieux que moi mais l’expérience méritait d’être tentée tant dans un but d’amélioration des performances que de prévention des blessures (notamment tendinopathie du tendon d’achille pour moi..)
Dans un premier temps et comme toute européenne se rendant à Kona, j’avais acheté en 2010 des Newton Distance. Ces dernières n’ont pas grand-chose à voir avec le minimalisme mais étaient réputées pour favoriser la pose médio-pied. Je n’ai jamais osé les porter en compétition : je les ai trouvé légères, jolies mais assez rigides et surtout instables et glissantes notamment sur bitume mouillé. Impossible de prendre un virage correct avec ces pads disposés dans l’axe des métatarsiens. Bref elles ont rapidement été reléguées au placard …
J’ai ensuite opté pour des Saucony Kinvara 2, modèle de transition vers le minimalisme de la marque américaine avec son drop de 4mm. Je les ai usées jusqu’à la corde avec 700km de bitume mais uniquement en entraînement, en effet le maintien était également à mon sens défaillant avec un avant pied assez large et une certaine mollesse du chaussant. L’amorti était correct voire un peu spongieux et je leur ai reproché un manque de réactivité pour une utilisation compétitive.
L’achat de Five fingers (vous savez les chaussures en forme de gants avec les orteils séparés..) m’a permis une approche fondamentalement minimaliste. J’ai finalement peu apprécié le confort constitué d’une semelle vibram unique et le talon remontant trop haut sur le tendon d’achille. Le dessus du pied était constitué d’une matière favorisant la transpiration avec une sensation désagréable de chaleur en été et de glaciation en hiver du fait du manque d’isolation procuré par la semelle… Bref encore le placard …
Ma quête de la chaussure idéale continuant, j’ai ensuite acheté des Saucony Hattori, un modèle ultralight avec un micro strap sur le dessus. Bien m’en a pris car je l’ai beaucoup apprécié: fin mais avec une semelle protectrice, zéro drop, un confort important avec une « toebox » (boîte à orteils) suffisamment spacieuse. Je les ai utilisé sur de multiples sorties dans un but éducatif et ludique mais jamais en compétition.
Pendant ce temps, j’ai senti que ma foulée se transformait mais sans parvenir totalement à rester toujours et à toutes les allures en médio/avant pied…
J’ai donc continué à chercher (et à m’entraîner..). Les suivantes furent les Brooks Pure Connect, avec également un drop de 4mm. Le confort était total à la course avec une sensation bizarre cependant « d’orteils qui remontent » lors de la marche ou en statique. Elles ont duré 600 km avant de rendre l’âme à mon grand désarroi. Alliance de confort, protection et semelle favorisant une pose naturelle du pied j’ai beaucoup apprécié ce modèle de 193 g en 40.
Il était cependant temps de changer vers une gamme plus légère avec les Saucony A5 de 149 g. Objectif à l’époque où mes tendons d’achille étaient en peine : mieux sentir le sol et travailler la pose du pied pour éviter les blessures. Ces chaussures ultra fines avec un drop de 4mm toujours ont été parfaites, tant pour l’entraînement que pour la compétition avec cependant une espérance de vie réduite de 450-500 km seulement. Le maintien était excellent, de même que la réactivité ou même de façon plus surprenante l’amorti ! Bref j’en ai acheté une seconde paire chose que je ne fais jamais habituellement ! J’ai également senti une amélioration au niveau biomécanique avec des appuis plus légers et moins de douleurs tendineuses…
Et puis sont arrivées les Skechers … à Chicago en 2012. J’ai investi (80 usd !!) dans un modèle d’entraînement, les GoRun Ride. C’est typiquement un modèle de transition vers des appuis médio-pied… enfin c’est ce que raconte Skechers marque plus connue pour leurs modèles de détente et destinés aux enfants.
Comment ? Avec la forme bien particulière de leurs semelles. Quand je dis bien particulière je ne mens pas car une fois le pied glissé dans ces chaussons on sent clairement une sorte de « bosse » sous le médio pied justement. Je ne suis initialement pas convaincue en statique mais décide de passer outre cette première sensation « étrange ». Essai le lendemain sur les rives du lac michigan. Bon ben ça marche leur truc. Impossible de poser le pied par le talon, le pied se place en naturellement sur le médio ou l’avant pied. En effet le talon est « coupé » en quelque sorte, du coup il n’est strictement pas possible de le poser en premier. Je suis bluffée car pour la première fois cette chaussure amène réellement quelque chose de nouveau dans la biomécanique du coureur. Côté poids avec 202g pour un modèle d’entraînement ça paraît pas mal. Le chaussant est très souple ; vraiment très souple, notamment au niveau de l’arrière pied. Vous allez me dire que je vais trouver ça instable. Non ! La largeur de la surface d’appui compensant la relative souplesse de la tige. Côté tissu, il est respirant est très doux, un usage sans chaussettes est donc tout à fait possible.
Vous l’aurez compris je suis conquise.
Pendant ce temps Mr Shanky craquait lui pour le modèle de compétition : les GoRun… modèle plus fin et plus léger.
Bien évidemment j’ai craqué…car je ne porte plus que les Ride à l’entraînement. Elles ont aujourd’hui 360km et ne portent pas de signe d’usure prématurée.
Mais ceci est une autre histoire car elles n’ont que 67 km au compteur…
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